Comme dans la société humaine où les gens migrent vers des rôles dans lesquels ils se sentent plus compétents, ou qui leur plaît davantage, où grâce auxquels ils sont mieux payés ou plus reconnus, les Zêtas sont aussi attirés par certains rôles. Il n’est pas rares que les parents commencent à parler des espoirs qu’ils mettent en leur progéniture avant même que celle-ci n’ait laissé tomber ses couches culotte. Des enfants peu athlétiques sont poussés à faire de la gymnastique car Papa faisait partie de l’équipe universitaire ou que Maman a toujours rêvé de devenir danseuse étoile, et le rejeton doit accomplir les rêves de ses parents. Si l’enfant est assez brillant, on envisage qu’il réussira des études universitaires, et une carrière professionnelle bien lucrative et bien propre va se profiler à lui et éclipser tous les désirs que l’enfant pourrait avoir personnellement. Ces espérances lui sont parfois indiquées verbalement et franchement, en termes d’ordres, mais la plupart du temps on le lui indique par le langage du corps voire par le retrait assez peu malin de l’aide et de l’amour parental. Il manque son entraînement de foot et Papa trouve plus intéressant de lire son journal que de parler à son fiston, et ce n’est plus la peine de faire allusion au voyage à Disneyland.
Aussi en quoi sommes nous donc différents, nous, Zêtas du Service-Envers-Autrui? Tous les enfants ont accès aux mêmes apprentissages, et de la même façon. Qu’ils manifestent des difficultés particulières avec un type de matériel, ou bien de l’embarras, leur demande d’aide est reçue sans hésitation. Par exemple, on ne répond pas aux questions d’un garçon tout en faisant comprendre à une fille soit belle et tais toi. Quand nos petites filles ont des idées qui leur viennent, on leur donne la possibilité de s’exprimer exactement comme à nos petits garçons, et elles ne sont pas coupées au milieu de leur phrase par les enseignants ou leurs camarades d’études de sexe masculin, comme cela se produit tous les jours dans la société humaine. Bref, nous traitons tout simplement les petites filles et les petits garçons d’égal à égal, afin qu’à leur arrivée dans la société Zétaine dont ils font partie, ils soient préparés à choisir seuls les rôles qu’ils vont remplir. Dans les sociétés type du Service-Envers-Autrui, les rôles sont choisis par les personnes, en réponse aux besoins qui apparaissent ou que les autres expriment.
Imaginez maintenant la scène: les jeunes Zêtas, après avoir absorbé toute la connaissance que leur curiosité d’esprit le leur aura permis, et après avoir tenu des rôles différents dans des programmes de jeu et d’enseignement, et cela par choix personnel, passent à présent une partie de leur temps dans la communauté. Ils assistent à l’une des réunions de la communauté qui a lieu régulièrement ou de façon exceptionnelle quand besoin est. Ils écoutent les discours sur un problème que traitent les adultes. Un jeune, tout comme un adulte, est libre de se porter volontaire et d’offrir ses services. Si les autres ont le sentiment, du fond de l’âme et du fond du cœur, que le jeune sera dépassé par son rôle, la chose pose essentiellement un nouveau problème à discuter. Il est possible qu’un camarade de classe, ou alors l’un des adultes, offre son aide au jeune volontaire, et se pose en cela comme bras droit ou comme caution en cas d’échec. On permet au volontaire d’oeuvrer, même s’il manque d’expérience. Tous sont dans le Service-Envers-Autrui, personne n’a l’intention de blesser la communauté, et donc le volontaire n’est pas supposé agir autrement qu’en dehors de ses propres intérêts. La plupart du temps, en de telles occasions, nous sommes agréablement surpris. Parfois le jeune a besoin d’aide. Et s’il y a échec, nous attendons que le jeune demande un audit, afin qu’il tire une leçon de son échec, et pour que nous puissions faire nos commentaires.
Donc si les Zêtas viennent à remarquer que chaque sexe choisit un rôle différent, comment ce choix des rôles en fonction des sexes intervient-il? De la même façon que la taille, l’acuité physique ou mentale, les expériences passées ou les différences en termes d’acquis, le désir d’apprendre dans un domaine particulier ou la passion pour certaines expériences jouent un rôle dans le choix. Et rien d’autre.