Les prédictions les plus optimistes sont généralement fondées sur l'espoir que l'humanité fera face au défi que représente le
basculement des pôles qui approche, mettant ainsi de côté ses préoccupations mineures. Généralement, c'est le contraire qui
se produit, car durant les périodes de difficultés croissantes, tout le monde, sauf les individus ayant un sens aigu de service
envers les autres, cherche dans l'angoisse à répondre à ses propres besoins. Les prédictions les plus optimistes sont aussi
fondées sur l'hypothèse qu'il existe les moyens de sauver l'humanité, que les gouvernements ou de riches bienfaiteurs attendent
dans l'ombre, qu'ils peuvent faire et qu'ils feraient plus si les choses devenaient extrêmes. Les enfants qui meurent de faim et
les épidémies ne méritent-elles pas, aujourd'hui, le même genre de geste?
Les opérations de secours très médiatisées après les désastres naturels sont menées autant pour rassurer que pour secourir,
pour tranquilliser l'homme qui travaille et pour répondre à des accords de soutien mutuel entre pays. L'homme qui travaille
payerait-il des impôts et obéirait-il à la loi si sa vie était traitée avec mépris? Lorsque les choses deviendront si dramatiques
qu'on ne pourra plus secourir les gens, la réaction sera de faire moins de publicité, pour que l'échec des gouvernements et de
la philanthropie privée ne soit pas mise en lumière. Comme pour les individus, durant les périodes de difficultés grandissantes,
les gouvernements et les organisations philanthropiques se concentrent sur eux-mêmes, concernés par leur propre survie.
Donc, les services sociaux seront moins accessibles et réactifs, les portes fermées et les téléphones sans réponse.